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Tunisie : Quel avenir politique ?

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La crise politique en Tunisie est loin d’être finie et inutile de rappeler qu’elle monopolise l’actualité géopolitique et diplomatique du moment. Revenons donc sur les événements de ces derniers jours.

Après les troubles et les affrontements de mercredi et jeudi derniers, et alors que le gouvernement tunisien tentait de contenir la révolte du peuple en arguant notamment du complot intégriste, Zine El Abidine Ben Ali, président tunisien depuis plus de 23 ans a été écarté du pouvoir aujourd’hui en vertu d’une décision du Conseil Constitutionnel déclarant « une vacance du pouvoir ». Il est actuellement remplacé par le président du Parlement Fouad Mebazza, qui a pour mission d’organiser une élection présidentielle dans les soixante jours. On a cru un moment que le désormais ex-président Ben Ali se réfugierait en France, compte-tenu des étroites relations historiques, économiques et diplomatiques entre les deux pays, mais après quelques jours de tergiversations, Orsay a finalement affirmé ne pas « souhaiter » la venue de Ben Ali sur le sol français, notamment car cela risquait de mécontenter la communauté tunisienne de l’Hexagone. C’est finalement en Arabie Saoudite, à Jeddah plus précisément que séjourne actuellement Ben Ali, dans la plus grande discrétion.

Reste à savoir comment vont se dérouler les prochaines élections. L’enjeu est en effet de taille car la situation et le contexte politique sont critiques. Le voisin libyen s’en inquiète d’ailleurs ; Ben Ali est en effet très proche du président libyen Mouammar Kadhafi, « frère leader de la Révolution » qui devrait s’adresser très prochainement au « peuple tunisien frère ». Etant donnée la position politique de ce dernier, relativement similaire à celle de son voisin et ami puisqu’il est au pouvoir depuis plus de quarante ans, on peut comprendre ses craintes de la contagion d’une révolte populaire. Il faut toutefois savoir proportions garder : Ben Ali et Kadhafi ne sauraient être mis sur le même plan.

Si les principaux partis d’opposition ont demandé « l’instauration d’un gouvernement provisoire chargé dans les six mois d’organiser des élections libres », deux dirigeants de l’opposition – Mustapha Ben Jaafar, chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, légal), et Néjib Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP, légal) – ont quant à eux déclaré hier soir être prêts à collaborer avec Mohammed Ghannouchi, actuel Premier Ministre et défenseur de Ben Ali. La France dit prendre acte du changement politique. Barack Obama, l’Union Européenne et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon affirment souhaiter la tenue d’élections libres prochainement et souhaitent un règlement démocratique et pacifique de la crise. Révolution dans le paysage politique du Maghreb, l’actualité tunisienne nous force à nous rappeler que le pouvoir est toujours détenu par le peuple. A suivre très attentivement donc…

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